- podagre
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• 1215; lat. podagra et podager, du gr.1 ♦ N. f. Vx Goutte (2.) aux pieds.2 ♦ Adj. Vx Qui est atteint de la goutte aux pieds, par ext. aux mains. ⇒ impotent. « M. de Gauffecourt, âgé de plus de soixante ans, podagre, impotent » (Rousseau). — N. « ces podagres tourbillonnants, raidis par l'arthrose » (San-Antonio).I.⇒PODAGRE1, subst. fém.PATHOL., vx. ,,Goutte localisée aux articulations du pied en particulier du gros orteil`` (Méd. Biol. t.3 1972). Sydenham donne, dans son Traité de la podagre, cette fameuse description de la goutte (LE GENDRE ds Nouv. Traité Méd. fasc. 7 1924, p.497). J'ai guéri la fièvre pestilente, la podagre, l'hydropisie et le mal français (ARNOUX, Seigneur, 1955, p.111).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. 1694 et dep. 1798. Étymol. et Hist. Ca 1200 humoer de podagre (Dialogue Grégoire, 230, 11 ds T.-L., s.v. pöacre); cf. 1225 (PEAN GATINEAU, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 5391: si l'agarie De podagre). Empr. au lat. class. podagra «id.» (lui-même empr. au gr.
«piège qui saisit l'animal par le pied», «goutte aux pieds», comp. de
,
«pied» et de
«fait d'attraper, chasse, pêche; proie, butin» de
«prendre à la chasse ou à la pêche») prob. par l'intermédiaire de l'a. prov. podagra «id.», 2e moitié XIIes. (GUIRAUT DE BORNELH, Ops n'agra ds RAYN.) à partir duquel le mot s'est développé en fr., grâce à l'infl. de l'école de méd. de Montpellier; a éliminé une forme plus anc. poacre «goutte aux pieds», 1re moitié XIIes. (Lapidaires anglo-norm., éd. Studer-Evans, V, 128), issue du lat. podagra.
II.⇒PODAGRE2, adj.PATHOL. [En parlant d'une pers.] Qui a la goutte aux pieds et marche difficilement. Le curé, M. de Rostaing, qui était podagre et ne sortait qu'en chaise, venait de se faire porter devant le moulin par deux valets en livrée (POURRAT, Gaspard, 1931, p.9).♦P. ext. [Quelle que soit la partie de son corps atteinte par la maladie] Qui a la goutte, qui est rhumatisant. Elle est seule et unique héritière d'un vieux podagre, quelque brasseur de Londres qui, dans un délai calculable, doit lui laisser une fortune au moins égale à celle dont est déjà douée la mignonne (BALZAC, Contrat mariage, 1835, p.351). Espérons que Mme Morland se souviendra de la maxime quand son brillant mari sera podagre (LÉAUTAUD, Journal, 1908, p.234). Je me félicitais d'être vieux, laid, podagre (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1558).♦Au fig. Qui manque d'élan, de dynamisme. La tragédie tomba dans leur estime. Bouvard en fut las le premier, et, y mettant de la franchise, démontra combien elle est artificielle et podagre, la niaiserie de ses moyens, l'absurdité des confidents (FLAUB., Bouvard, t.2, 1880, p.6).— Empl. subst.♦Personne qui a la goutte. J'aime les oeuvres qui sentent la sueur, celles où l'on voit les muscles à travers le linge et qui marchent pieds nus, ce qui est plus difficile que de porter des bottes, lesquelles bottes sont des moules à usage de podagre: on y cache ses ongles tors avec toutes sortes de difformités (FLAUB., Corresp., 1853, p.323). Ayant étendu sur une chaise la jambe du podagre, la tante recousait le bord de la guêtre (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.64).♦Personne invalide. Chez Chateaubriand (...) le poète [Vigny] ne rencontra pas cette colère de vieillard, de podagre et de médiocre [de Royer-Collard] (...) mais un scepticisme mondain, encore plus glacial et décourageant (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p.316).P. métaph. Je hais (...) et maudis Ces podagres du vers, portés sur des béquilles, Et ne construisant rien qu'à force de chevilles (POMMIER, Crâneries, 1842, p.19).Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist.1. Adj. a) 1354 potagre «qui a la goutte aux pieds» (HENRY DE LANCASTRE, Seyntz medicines, 76, 10 ds FEW t.9, p.110a); ca 1380 podagre (ROQUES t.2, 9378); b) 1718 «qui a la goutte en quelque partie du corps» (Ac.); d'où 1880 fig. «se dit de ce qui manque d'élan, de mouvement» (FLAUB., loc. cit.); 2. subst. a) 1575 «personne qui a la goutte aux pieds» (PARÉ, Anatomie, XXI, XXIV ds OEuvres, éd. J.-F. Malgaigne, t.3, p.246); b) 1690 «goutteux, rhumatisant en général» (FUR.); d'où 1842 fig. «infirme» ces podagres du vers (POMMIER, loc. cit.). Empr. au lat. d'époque impériale podager (lui-même du gr.
dér. de
«goutte aux pieds», v. podagre1); v. aussi pouacre. Fréq. abs. littér.:20.
1. podagre [pɔdagʀ] n. f.ÉTYM. 1215; poacre, 1125; lat. podagra, mot grec. → Chiragre.❖♦ Vx. Goutte qui attaque les pieds. ⇒ 2. Goutte.————————2. podagre [pɔdagʀ] adj. et n.ÉTYM. V. 1380; potagre, 1350; lat. podager, du grec podagros.❖1 Vx. Qui est atteint de la goutte aux pieds. ⇒ Impotent. — Par ext. Vx ou littér. Qui est atteint de la goutte, quelle que soit la partie du corps attaquée.0 (…) M. de Gauffecourt, âgé de plus de soixante ans, podagre, impotent, usé de plaisirs et de jouissances (…)Rousseau, les Confessions, VIII.♦ N. || Un, une podagre (→ Oreiller, cit. 1).2 Fig., vx. Impotent, paralysé.
Encyclopédie Universelle. 2012.